2024, année olympique, est l’occasion de réinterroger la relation que l’architecture a avec le corps, la performance, la discipline, mais surtout le mouvement et la structure qui en découle. Depuis longtemps, le sport a entretenu un lien étroit avec les lettres et les arts. La théorisation de cette relation remonte à l’antiquité et fut perpétuée par Pierre de Coubertin, lors de la rénovation des Jeux olympiques, qui voulut prolonger la pensée des philosophes grecques selon laquelle le corps et l’esprit sont indissociables. Ainsi, jusqu’au milieu du XXe siècle, des artistes pouvaient prétendre au titre de champion olympique dans cinq catégories : architecture, littérature, musique, peinture et sculpture.
Sous différentes formes, le mouvement a parcouru les arts picturaux dans le temps ; des peintures rupestres de la grotte de Chauvet, en passant par les courants baroque, futuriste, impressionniste, action painting jusqu’à l’art cinétique de l’artiste Daniel Spoerri donnant l’illusion que tout bouge alors que rien ne bouge.
Plus proche de nous, Bernard Tschumi affirme « qu’il n’y a pas d’architecture sans mouvement dans l’espace ». Affirmation qu’il a largement et préalablement éprouvée à travers les « notations » où il met en évidence, par des diagrammes et autres photogrammes, la relation complexe entre : espace, temps, mouvement et événement. Cependant, pour Tschumi, le mouvement est celui des protagonistes qui se déplace dans un espace. L’approfondissement de cette notion de cinématique, nous permettra sûrement d’appréhender le mouvement en architecture, qui est par nature statique.
La chronophotographie d’Etienne-Jules Marey puis d’Eadweard Muybridge, en visualisant de façon précise la décomposition et la variation des mouvements d’athlètes, permis d’en comprendre le fonctionnement. Cette technique réunissant des discontinuités dans flux, entre exactitude scientifique et rêverie poétique et esthétique, donne l’illusion du mouvement.
Ainsi composé d’une succession de séquences plus ou moins longues qui s’enchaînent à une cadence particulière, chaque mouvement grâce à ses variations singulières possède un rythme propre et unique. Pour le musicien John Cage ; « le rythme est une affaire fondamentale ; c’est la structure du temps. ». Plus généralement, le rythme, est peut-être cette cadence qui certes anime le mouvement, structure le temps, mais aussi compose l’espace.
En l’occurrence, le FAV permettra d’explorer la capacité de ces nouvelles architectures vives, par leurs compositions et rythmes propres, de rentrer en résonnance avec l’espace et l’enveloppe des cours qui les accueillent, dont chacune possède un ordonnancement particulier. Ce sera également l’occasion d’expérimenter en quelles manières la façon dont on s’y déplace établi un dialogue avec le visiteur et constitue un « vecteur » d’architecture, comme une dynamique donnant l’opportunité de créer un événement.
Malek DAHBI, architecte, Maître de Conférences
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