LE CHATEAU DE CARTES

B.O

Joan BARDY – Jean ORLIAC
Barcelone // Espagne

Nous sommes Joan Bardy et Jean Orliac, amis et architectes. Nous nous sommes connus étudiants à Barcelone où nous avons suivi ensemble le cursus de l’Escola Tècnica Superior d’Arquitectura del Vallès (ETSAV-UPC). Outre l’architecture, nous partageons également le goût de l’escalade et de la montagne. Nous avons tous deux grandi en intégrant les cultures française et catalane, d’un côté et de l’autre des Pyrénées, ce que nous continuons à faire dans notre activité professionnelle d’aujourd’hui, en collaboration avec des agences d’architecture francocatalanes sur des projets à grande et petite échelle aux programmes divers et variés.

En parallèle nous réalisons également des projets propres en libéral, avec une affection particulière pour les interventions d’architecture éphémère. Participer au Festival des Architectures Vives est donc pour nous une nouvelle occasion de concevoir d’une façon libre et spontanée un projet éphémère, libéré du poids et de l’inertie d’un projet d’architecture conventionnelle. Le processus créatif du projet est similaire, mais le chemin beaucoup plus immédiat entre conception et réalisation permet de conserver toute la pureté de l’idée première. Nous sommes également séduits par la possibilité de pouvoir participer à la divulgation du design, de l’art et de l’architecture, tout comme par le fait de pouvoir tenter de surprendre le public en lui faisant ressentir la transformation momentanée d’espaces existants et en apportant une réflexion artistique inattendue. En ce sens, un évènement comme le FAV est pour nous une belle opportunité d’expression.

S’interroger sur l’impermanence, c’est prendre conscience que tout se transforme, que rien n’est immuable. Le Bouddhisme par exemple, qui a fait de l’acceptation de l’impermanence un de ses principes fondamentaux, enseigne que tout est passager, transitoire, et que tout peut disparaitre et se dissoudre d’un moment à l’autre. Si l’on y pense, cela s’applique effectivement à tout ce qui nous entoure, même à ce qui de premier abord peut sembler solide et éternel. On peut s’autoriser à dire que tout n’est finalement qu’un château de cartes !
Le château de cartes fait surtout référence aux projets fragiles et éphémères. Il est donc en soi symbole de l’impermanence. L’éphémère est d’ailleurs sa raison d’être, ici au sein du festival, et il le revendique : il ne peut exister pleinement que parce qu’il est voué à disparaître. Comme nos vies et les sentiments qui nous lient, c’est sa durée limitée qui lui donne un sens. Le château de cartes sera géant et montrera son jeu. Sa taille sera suffisante pour dialoguer avec l’architecture dans laquelle il s’insère. Il se dressera fièrement face aux bâtiments auxquels il aura à faire face, et remettra en question comme le château chancelant qu’il est, la longévité d’un patrimoine que ses bâtisseurs pouvaient penser éternel. Le château de cartes peut s’effondrer à tout moment. Sa durée est donc incertaine et précaire. Il ne peut que s’efforcer de vivre au présent et nous renvoie à l’incertitude du temps qu’il nous reste comme individus mais aussi comme société. Il peut être l’allégorie de la fragilité de notre civilisation, qui, persuadée d’être éternelle se révèle au contraire fragile, et comme bien d’autres avant elle pourrait un jour s’éteindre ou s’effondrer, pêchant par l’illusion de son invincibilité.

Le château de cartes est en réalité déjà en train de s’écrouler. Nous ne savons pas si sa chute se fera de façon complète et instantanée mais l’accident en cours montre l’instant suspendu d’un effondrement qui a déjà commencé. Un arrêt sur image en déséquilibre pour que l’observateur puisse questionner sa perception de l’échelle des temps. Faire prendre conscience au visiteur de la perception biaisée du temps qui peut l’induire en erreur sur la permanence de certaines choses et l’amener à établir de fausses vérités. Certains châteaux peuvent paraître éternels mais tous finissent un jour par retourner à la poussière . Le château de cartes finira donc un jour par tomber. Mais l’histoire et le temps ne s’arrêteront pas pour autant. Prendre conscience de l’impermanence, c’est aussi prendre conscience du processus de renouvellement constant du monde dont nous faisons partie. La seule chose permanente en ce monde n’est autre que l’impermanence. Il ne s’agit donc pas de jeter ce qui s’est effondré ou ce qui est usé. On pourra toujours rebattre les cartes et aller reconstruire unnouveau château quelque part.

Le chateau de cartes

Partenaire(s)

Abonnez-vous

Suivez les actualités du FAV en vous inscrivant à notre newsletter.

Appel à candidature
FAV 2025

L’appel à candidatures est lancé sous le thème de la Gourmandise.

Vous avez jusqu’au 2 décembre 2024 pour soumettre votre projet et participer à cette aventure architecturale.