Chiara Vigneri a étudié l’architecture et l’urbanisme à la FH Potsdam, en Allemagne, et à l’UNINA Federico II de Naples. Elle a renforcé son intérêt pour les villes historiques dans sa thèse de master dans laquelle elle analyse le centre historique de Naples. Dans le cadre d’une étude sur la conservation des monuments, elle travaille sur une situation urbaine complexe sur le thème des strates temporelles. Elle commence ensuite à travailler au sein du bureau berlinois BASD Architekten, où son intérêt architectural pour les constructions existantes s’est encore renforcé.
François Chantier est un architecte, né à Anzin-Saint-Aubin dans la Pas-de-Calais. Il étudie à l’ENSA Paris Malaquais puis à l’ENSA Paris Val-de-Seine. Après trois années de pratique en France, à Paris puis à Lille, il exerce aujourd’hui à Berlin notamment sur des projets de logements abordables. La perception du visiteur, de l’usager, liée aux matières mises en oeuvre, joue un rôle primordial dans ses projets.
Les deux architectes travaillent ensemble sur plusieurs projets et trouvent des intérêts communs dans des thèmes tels que l’architecture durable, l’importance des matériaux de construction, leur origine et leur utilisation, et le dialogue avec l’existant. Leur objectif est de traduire ces thèmes dans un langage architectural contemporain.
Le wabi-sabi, qui trouve ses origines dans la culture japonaise, peut se définir comme suit: la simplicité, l’éphémère, l’erreur, l’imperfection.
Notre projet tente de traduire ces termes en une installation dialoguant avec l’architecture existante. Le but est de refléter les bâtiments historiques dans des formes géométriques simples, élémentaires, construites avec des matériaux recyclés, réemployés, patinés, abimés, avec des irrégularités et des altérations apparues inexorablement au cours du temps.
Les « fragments » éparpillés dans la cour de manière aléatoire et spontanée, de hauteurs différentes, rappellent un objet cassé, éclaté en mille morceaux, évoquant la fragilité de la matière – comme un morceau de porcelaine qu’on a laissé tomber – et plus largement de toutes les choses du monde : de l’esprit, de la vie, des sociétés humaines, des villes.
En observant de plus près, nous devinons que tous ces éclats proviennent d’un volume plus large, formant un carré en plan, signe d’une époque passée. Un évènement particulier, un accident, a eu lieu.
Nous sommes alors tentés de recoller les morceaux, pour réparer l’objet brisé. Cela rappelle la technique du Kintsugi, aussi d’origine japonaise, qui se traduit par l’usage de l’or pour rejointer les débris de céramique – ou l’art de la récupération, le refus du jetable – et nous pousse à nous interroger sur la perfection moderne, et plus largement sur le matérialisme.
Les reflets irréguliers, imprévisibles, parfois déformés par la matière brute et approximative, marquent, gravent – à la manière d’un kaléidoscope – dans l’esprit du visiteur des parties de l’architecture historique, y produisent un souvenir unique par l’expérience – courte et authentique, éphémère par nature – de la promenade.
La ville abimée, friable, les assemblages et combinaisons de matières, qui portent les traces du temps, se prolongent ainsi dans les pensées et mettent en avant la beauté du vieillissement, faisant prendre conscience au visiteur, un instant, que tout est éphémère.
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